Rencontre extraordinaire avec les indigènes.

Aujourd’hui, jeudi 26 décembre, nous avons vécu une rencontre inoubliable. Nous sommes partis à 2h de route de Marilia vers Tupa, à Arco-Iris (Arc-en-ciel) avec Dagoberto, Adriana, Verena, Bianca et Lucas. A côté de cette ville, vit une ethnie indigène : Kaingang. Pour arriver jusqu’à ce village, nous avons roulé environ 20km sur des pistes à travers la forêt et les champs de cacahuètes. Nous avons pu rencontrer un petit bout de femme d’une soixantaine d’année, militante pour la préservation de son peuple, Dirce.

Dirce nous a rappelé le génocide effectué au début du XXème siècle, ici à cet endroit, par les européens : hommes, femmes et enfants massacrés, eaux empoisonnées, forêts brulées… Tous les moyens étaient bons pour les exterminer. A l’époque industrielle, vers 1930, l’exploitation du café est en pleine expansion et les non-indigènes décidèrent de construire trois voies de chemins de fer qui passaient dans les réserves, chez les indigènes. Les rails étaient montés la journée, la nuit, les indigènes les enlevaient afin de protéger leur terre. Les non-indigènes décidèrent d’électrifier les rails. 400 morts en une nuit… En 15 ans, 90% des indigènes ont été exterminés. Un véritable génocide. En 1921, on dénombrait seulement 176 indigènes survivants dans l’état de Sao Paulo.

Jusqu’en 1998, les indigènes qui restaient ont abandonné leur culture : les habits, les rites, les chants… tout sauf le chant qu’ils pouvaient faire à la maison en cachette. Ils avaient peur des représailles car ils étaient persécutés.

En 1998, Dirce est allée à Brasilia, la capitale du Brésil pour assister à une conférence d’un député brésilien et indigène : Juruna. Il a su convaincre les personnes présentes dont notre hôte qu’il ne fallait pas abandonner la culture indigène mais plutôt la revendiquer. En revenant, notre hôte a décidé de remettre en valeur sa culture. Les rites ont repris, chant et danse autour du feu les jours de plein lune, légumes et céréales cultivés sur place, gallinacées élevées autour de la maison. Ils vivent dans des maisons en durs mais ont un espace fait de bambous dans lequel il y a un four en argile pour faire cuire les aliments. Il est très important pour Dircé et sa famille de reforester la terre. Il y a une petite forêt qui fait partie du village.

Pour Dirce, le plus important est de transmettre la langue de son éthnie, qu’elle enseignent à toute la famille. Elle fait la liaison entre ses ancêtres et les petits-enfants. C’est une langue uniquement orale.

Ils connaissent bien sûr très bien la nature pour se nourrir, pour se soigner et bien sûr pour la préserver. Une des quatre petits-enfants Dirce s’est habillée comme pour la cérémonie. Elle nous a montré quelques danses et chants que nous avons tentés d’imiter. Cela ne faisait pas du tout folklorique. On était juste avec une famille qui souhaitait partager sa culture car Dircé sait très bien à quel point il est important d’informer, d’enseigner pour que son peuple soit préservé.

Dirce nous a ensuite emmené dans le bois sacré, où tous ses ancètres sont enterrés depuis 500 ans. Nous avons eu la chance de rencontrer cette famille car Dagoberto a une personne du musée indigène à Tupa qui a pu le mettre en contact avec eux.

Les enfants vont à l’école et collège publique de la ville. Après leur avoir posé des questions sur leur intégration, notre hôte nous a expliqué que c’était difficile car lors de rituels, ils se peignent des tatouages qui mettent deux semaines à partir. Il y avait des moqueries à l’école. Elle a donc décidé de faire un projet avec l’école et le collège pour pouvoir expliquer leurs coutumes. Elle fait ça tous les ans et depuis ça va beaucoup mieux.

Dagoberto m’a expliqué qu’il y a plusieurs relations des indigènes avec le monde occidental. Il y a les indigènes qui n’ont jamais été au contact du monde moderne en Amazonie. Ceux qui sont sporadiquement au contact de la « civilisation » (notez les guillemets !). Ceux qui vivent à côté des villes et ceux qui sont indigènes mais qui ne le savent pas.

Nous avons ensuite visité le musée de India Vanuire où nous avons pu retrouver tout ce que Dirce nous avait enseigné le matin. india Vanuire est une indigène qui a aidé la pacification entre le peuple non-indigène et les indigène Kaigang.

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