On a traversé la cordillère des Andes !

Nous quittons provisoirement le Chili pour retourner en Argentine direction Mendoza !

Nous avons pris un bus de jour une fois n’est pas coutume, malgré les 10h de trajet, pour nous permettre d’admirer le paysage. Et nous n’avons pas été déçus ! Reliefs, couleurs… Et un petit coucou de loin à l’Aconcagua, le plus haut sommet d’Amérique qui culmine à 6 962 mètres…

Mieux que des discours, place aux images !

Pablo Neruda :  » Ah ! si seulement avec une goutte de poésie ou d’amour nous pouvions apaiser la haine du monde ! « 

Aujourd’hui, nous sommes allés visiter une des trois maisons de Pablo Neruda (1904-1973) à Isla Negra (qui n’est pas une île d’ailleurs mais un petit village). La maison est magnifique, la vue époustouflante. C’est ici, face à l’océan pacifique, qu’il est enterré avec son épouse Mathilde.

Mes compagnons, enterrez-moi à l’Ile Noire, face à la mer que je connais, face aux âpres surfaces de pierre et de vague que mes yeux perdus ne reverront jamais. (…)

Nous avons adoré les nombreuses collections qu’avait Pablo : des collections de maquettes de bateaux en bouteille, aux figures de proue de navire, aux masques africains, aux barres de bateaux… jusqu’à sa collection (sa préférée a-t-il précisé), celle des coquillages ! Les enfants ont adoré !

Il n’y a pas de photos de tout cela car c’était interdit d’utiliser appareil-photos et caméras à l’intérieur. Seulement des photos de l’extérieur 😉

Demain, nous prenons le bus direction Mendoza en Argentine. Nous en profiterons pour apprendre un de ses poèmes 😉

Quelques infos sur Pablo Neruda, poète chilien : Il commence à publier vers 19 ans. Il devient rapidement célèbre dans son pays. Il entre, à la fin de ses études, au service diplomatique et vit pendant quelques années hors du Chili. Il connait Frederica Garcia Lorcas (poète espagnol 1898-1936) qui est un de ses amis. En défendant la République espagnole (il est alors Consul en Espagne) lors du putsh de Franco, Pablo Neruda est révoqué. En 1949, Neruda est devenu membre du Conseil Mondial de la Paix à Paris. En 1953, il obtient le Prix Staline « pour la paix » et en 1955, en même temps que Pablo Picasso, le Prix international de la paix. Il rencontre la femme de sa vie (sa troisième femme), Matilde Urrutia qui l’inspire pour des poèmes d’amour. En 1969, le parti communiste le désigne comme candidat à l’élection présidentielle, mais Neruda renonce en faveur d’Allende comme candidat unique de l’Unidad Popular. Après l’élection d’Allende, Neruda accepte le poste d’ambassadeur en France. Le 21 octobre 1971, Pablo Neruda obtient, après Gabriela Mistral en 1945 et Miguel Ángel Asturias en 1967, comme troisième écrivain d’Amérique Latine, le Prix Nobel de littérature. Le Coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili renverse le président élu, Salvador Allende. La maison de Neruda à Santiago est saccagée et ses livres jetés au bûcher. Le poète et homme politique meurt, 12 jours plus tard, le 23 septembre 1973, officiellement d’un cancer de la prostate.

« Et ce fut à cet âge… La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d’où
elle surgit, de l’hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n’étaient pas des voix, ce n’étaient pas
des mots, ni le silence:
d’une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.

Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j’écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l’ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l’univers.

Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l’instar, à l’image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l’abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon cœur se dénoua dans le vent. »

Endroit magnifique !
L’arrêt de bus bateau pirate !
Un restaurant bateau pirate !

Journée à Valparaiso : retour à la chaleur !

Hier soir, nous avons pris, vers 21h, un bus de nuit pour Valparaiso. Nous quittons définitivement la Patagonie pour remonter plus au Nord donc… plus au chaud ! Comme d’habitude, nous prenons la compagnie la moins chère que nous trouvons. Les bus proposent pour les trajets de nuit « semi-cama » ou « cama ». Nous prenons toujours l’option « semi-cama » car le rapport qualité-prix est très bon ! Les sièges sont suffisamment inclinés pour faire une nuit correcte. En cherchant les bus pour Valparaiso, on a vu l’option « salon cama » (Kesako ?) au même prix que les « semi-cama » d’une autre compagnie. Du coup, on a tenté et on n’a pas été déçu. Il n’y a que trois sièges par rangée, je vous laisse imaginer la grandeur des sièges. On a eu droit à des plaids, des coussins sont intégrés pour reposer sa tête sur le côté… Bon bref, c’était une nuit plutôt confortable !

Nous sommes arrivés vers 11h ce matin. Nous nous sommes dirigés vers notre logement, pas extraordinaire mais qui a le grand avantage d’être en plein centre. Après un rapide déjeuner, nous avons pris le temps de visiter la ville.

C’est une ville très intéressante : par son art urbain, sa morphologie (sa partie basse et ses parties hautes avec les différentes collines auxquelles on accède par des funiculaires – 15 exactement), son engagement civique.

Vous avez dû voir aux informations en octobre dernier qu’il y avait de nombreuses manifestations à Santiago mais aussi dans d’autres villes du pays. A l’origine de cette colère, il y a la hausse de la part du gouvernement (le président est Sebastian Piñera) du prix des tickets de métro à Santiago (réseau de métro le plus étendu en Amérique du Sud). Au bout du premier jour de manifestation, le président a suspendu cette hausse mais… la machine était lancée !

La plupart des chiliens en ont marre des conditions socio-économique et des inégalités sociales criantes. Ces inégalités ont peu évoluées depuis la fin de la dictature.

Les manifestants dénoncent : un accès à la santé et à l’éducation qui ne relèvent quasiment que du système privé, un système de retraite par capitalisation (très critiqué car la retraite est souvent inférieure au salaire minimum) et un marché immobilier en surchauffe.

Bon bref, vous l’aurez bien compris. La hausse du ticket de métro a été comme un étincelle.

Pendant ces manifestations, il y a eu beaucoup de débordements des deux côtés. C’est la première fois qu’il y avait des patrouilles de militaires dans la rue depuis la dictature (1973-1990). J’ai entendu parler de salle de torture dans une station de métro à Santiago, de tirs à balle réelles entre les yeux sur les manifestants… Bon bref, ça chauffe !

Un référendum pour savoir si oui ou non, le peuple veut un changement de constitution va avoir lieu le mois prochain. La constitution actuelle, ultralibérale, est un héritage de la dictature de Pinochet.

Sur les photos, vous pouvez voir des inscriptions qui sont en relation avec ce que vit le Chili en ce moment. Les manifestations vont reprendre petit à petit. Les grandes vacances d’été sont terminées. Les enfants ont commencé leur nouvelle année scolaire ce lundi 2 mars.

On nous a conseillé de ne pas sortir après 17h et on va écouter les conseils. Le reste du temps, pas de soucis !

On a eu le sentiment que cette ville vit de grands moment de l’histoire, et a une architecture très originale de part sa géomorphologie. Elle n’est malheureusement pas entretenue et de très nombreux bâtiments tombent en ruines.

PS : Ceux qui ont envie de partager des informations supplémentaires sur la situation politique du Chili, n’hésitez pas ! J’ai essayé de rapporter ce que j’ai lu et compris…

Les collines de Valpo
Et zooooou !
Un des 15 funiculaires
Le mécanisme
« Oh, c’est haut ! »
« Oh c’est bas ! »
On n’a pas logé ici, hein !
L’escalier piano
Représente un marchand de l’époque des indigènes
Fresque d’un collectif de 15 voltigeurs
Un monument, des barrières, des barbelés et deux militaires…

Festival La gran noche de Valdivia !

Valdivia est une ville fluviale qui chaque année organise un festival sur son fleuve. Il y a un concours de défilé de bateaux déguisés avec différentes catégories (les petits, les moyens et les gros !) et un feu d’artifice. Tout cela se déroule à la nuit tombée.

Nous y avons retrouvé la famille française que nous avions rencontrée au volcan Osorno. Joie des retrouvailles !

Le fleuve grouillait de bateaux illuminés, les créations étaient très différentes, parfois de bric et de broc, parfois l’œuvre de toute une année d’une famille sur leur barque, parfois grandiose avec des dizaines de figurants et des installations géantes… Il y en avait pour tous les goûts ! Mention spéciale à l’éléphant, au crabe et au château Disney qui ont eu nos faveurs !

Un final en feu d’artifice de presque une demi-heure qui se reflétait sur le fleuve avec les bateaux éclairés et rutilants. Une soirée spectaculaire !